En 2011, un déclic a eu lieu dans ma pratique de la photographie. A cette époque je ne concevais cet art que dans une perspective documentaire, informative et humaniste. J'étais convaincu de la profonde utilité de mes photographies-témoignages qui visaient à faire entrer les gens dans la vie d'autres gens qu'ils n'auraient sûrement pas l'occasion de rencontrer au cours de leur vie.

Le Nikon FM rempli de Tri-X, j'allais à la rencontre des pêcheurs du Kerala, des paysans vivant dans les montagnes aux alentours de Salta ou encore des Cubains flânant sur le Malecon à la Havane. Mon unique but était alors de saisir les instants les plus emblématiques de leur vie quotidienne afin de montrer la diversité des modes de vie sur notre petite planète.

En 2011 donc, j'étais au Japon, quelques mois après la catastrophe de Fukushima. Et là, plutôt que de m'intéresser à cette culture si riche qu'est la culture japonaise, je me suis surpris à préférer saisir au vol, à l'aide de mon téléphone du moment, le ballet incessant des passants dans les rues ou le métro de Tokyo. Le basculement vers la photo de rue s'est opéré doucement mais sûrement. A cette époque, Fuji a sorti un appareil - le X100 - qui m'a permis de retrouver en numérique à la fois le plaisir de la prise de vue argentique et la discrétion nécessaire à ce genre de photographie. J'ai fait cohabiter les deux techniques pendant quelques années, en consacrant l'argentique au noir et blanc et en privilégiant la couleur en numérique.

Mais dernièrement, mes fidèles FM et FM2 sont restés à la maison et la "street photography" en couleurs a pris le pas sur le reportage humaniste en noir et blanc. D'où vient cette évolution ? D'abord par une impression de tourner en rond, pays après pays, année après année. A ce constat de répétition s'ajoute la découverte d'oeuvres photographiques majeures, en couleurs, comme celles d'Alex Webb, d'Harry Gruyaert ou de David Alan Harvey.

Je ne sais faire qu'une chose, c'est marcher en direction d'un lieu. Que fait un photographe de rue, si ce n'est marcher, regarder, attendre, parler, puis regarder et marcher encore, en conservant l'espoir que la chose inattendue, l'inconnu ou le secret enfermé au coeur du réel se présentera au coin de la rue.

Alex Webb

Il est une chose plus fondamentale encore que l'action et qui lui est indispensable, c'est le fait même de regarder.

Jane Jacobs

Si les portes de la perception étaient nettoyées, le monde apparaîtrait à l'homme tel qu'il est, infini.

William Blake
une double-page du livre The Walkers

The Walkers
128 photographies de François Preschez
Editions Che
206 pages
ISBN 978-1-38-937361-9

Préface

Des rencontres décisives qui m'ont touché à plusieurs niveaux. D'abord la vibration des couleurs, leur puissance, la douceur des tons pastels. Puis des visions très personnelles du reportage, beaucoup plus centrées sur le travail de la lumière et l'intensité des formes que sur la soit-disante nécessité d'un témoignage social. J'ai retrouvé chez eux la "joie du regard" dont parlait Henri Cartier-Bresson, celui-là même qui tenait tant à son statut d'amateur et qui prétendait "s'amuser tant autant s'il n'y avait pas de pellicule dans l'appareil !".

J'ai alors choisi de suivre modestement leurs pas en concentrant mon attention sur la rue, ce lieu universel, toujours plein de surprises, qui permet de prendre le pouls d'une ville. Tel un explorateur qui se laisse uniquement guider par l'oeil de son appareil, je suis parti en quête de "l'homme ordinaire", ce passant anonyme et mystérieux que tous les photographes de rue traquent en tentant de le capturer dans une harmonie de formes et de contrastes. Que ce soit en Amérique, en Europe ou en Asie, il s'agit d'arpenter la ville, constamment à l'affût, dans un état de concentration et de disponibilité au hasard.

Peu importe l'appareil. Comme le dit si bien Bernard Plossu, "la photographie se fait avec une bonne paire de chaussures". Beaucoup de kilomètres parcourus, beaucoup de temps perdu. La récompense est rare, mais quand elle arrive, l'instant est magique : les silhouettes sont idéalement positionnées, la lumière les met en valeur, les couleurs dialoguent entre elles, les formes guident le regard du spectateur.

Dans ces moments fugaces, il suffit d'être là et d'enregistrer le réel. Voici quelques exemples qui se sont déroulés sous mes yeux, dans une dizaine de pays, de 2012 à 2017.

Ce site présente 75 photographies de rue issues du livre The Walkers. Il en reprend la couverture, la préface mais également la distinction en 3 chapitres : Light, Color, Shape.

Le livre est imprimé chez Blurb, au format 33 x 28 cm, sur du papier Premium mat et avec une couverture rigide imprimée. Pour les personnes qui seraient intéressées par un exemplaire, il peut être réalisé à la demande. Mais le coût de revient étant élevé, il est vendu à 100 € TTC.

Par ailleurs, il est possible d'acheter un tirage jet d'encre de chacune des photographies présentées sur ce site. Elles sont imprimées sur un papier de type Baryté, le Baryta Hahnemühle 315g. Les formats disponibles vont jusqu'au 40 x 60 cm pour les photos prises de 2012 à 2016 (appareil Fuji X100) et jusqu'au 60 x 90 cm pour les photos datant de 2017 (appareil Fuji X-Pro2). Pour les tarifs, vous pouvez me contacter par mail.

Enfin, d'autres séries, en couleur mais aussi en noir et blanc (argentique !), sont à découvrir sur mon site.

François Preschez